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11 novembre 2009 3 11 /11 /novembre /2009 12:32




M. A. R. T. O. !

Non, non, il ne s'agit pas là que d'un simple mauvais jeu de mots pour dire à quel point la  compagnie  Les Anges au plafond installée à Malakoff est folle de se mesurer encore une fois au mythe antique. C'est aussi l'intitulé du festival de marionnettes pour adulte (le festival M. A. R. T. O.) que j'aime tant. Et le premier spectacle qui ouvre le festival vaut le détour !

Après Une Antigone de papier accueilli en novembre 2007 au Théâtre 71, Camille Trouvé et Brice Berthoud continuent donc d’explorer les mythes fondateurs et revisitent le mythe d'OEdipe avec talent et poésie.


C'est tout d'abord un plateau circulaire qui s'offre au regard du spectateur. Un peu à la manière d'une scène de cirque, nous encadrons de nos regards les comédiens et surtout les marionnettes. C'est un peu comme pour signifier que les personnages de cette fatale histoire ne pourront se soumettre à un regard extérieur et à la fatalité.

Quatre hommes sont sur scène et vont tisser avec brio tous les fils de l'histoire. Un seul marionnettiste : Brice Berthoud, ancien jongleur qui manie avec talent et à la fois simplicité la manipulation et le passage d'une marionnette à l'autre. Il réussit à s'effacer et laisser aux marionnettes conçues par Camille Trouvé le soin de procurer au spectateur toute la charge émotionnelle que l'on attend. Il fait littéralement corps avec l'objet.

Ce nouveau spectcale est un vrai régal pour les yeux, une jouissance pour les oreilles et procure du plaisir au coeur.

Attendez-vous à entrer dans un univers d’ombres, de cordes et de papiers. C'est sur un radeau qu'OEdipe est représenté. Dans un équilibre fragile, il  remonte tout au long du spectacle le fil de sa destinée. Il y est question de malédictions, de luttes pour rester et tenir debout afin de  démêler enfin l'énigme. Et celui-ci a beau se débattre, il est toujours soumis aux Lois, son destin reste de manière inextinguible toujours tracé, toujours relié à ce fil. Destin imperturbable. Le choix de la marionnette est ici d'autant plus motivé que les personnages proviennent littéralement du ciel. C'est aussi du théâtre visuel. Le sol s'anime, se redresse sous nos yeux. L'effet est des plus saisissants.

Et puis, c'est  une épopée fragile qui nous est présentée. Comme le plateau. Tel un plateau de théâtre à la dérive, en effet,  la scénographie évoque également par une machinerie qui se laisse voir (tout se fait sous nos yeux et les 3 autres artistes présents sur scène participent à la mécanique du spectacle) la machine infernale. Nous devenons témoin, complice, voyeurs et aussi auditeurs de ce jeu qui se fait sous un ciel de théâtre bas, lourd. Comme une chape de plomb au-dessus des personnages...

Car c'est au son des instruments à vent que se débatent les personnages. Les musiques du trompettiste Piero Pépin et du joueur de guimbarde Wang Li procurent au spectacle une atmosphère particulière. Les mélodies sont envoûtantes, hypnotiques et s'associent parfaitement au texte qui rend la tension dramatique mais qui la détend aussi par des interludes comiques. Certains passages trouvent curieusement des échos dans l'actualité. "Quand un pays va mal on accuse l'étranger et on cogne l'intendant." entend-on.

Je sors de là, alors qu'OEdipe s'est égaré à chercher le fil de sa vie. En direction du métro, un père vient chercher son fils en sortie scolaire ce soir-là. Il lui demande : "C'était bien ?" Le fils : "Oui, c'était génial. Tu connais OEdipe ? C'est un type à qui on a dit qu'il tuera son père et qu'il se mariea avec sa mère." Je souris, les anges sont au plafond...

 






CREATION
Durée du spectacle : 1 h 30
Compagnie : Les Anges au Plafond 
Interprétation : Brice Berthoud, Gerdi Nehlig, Piero Pépin, Wang Li 
Sous le regard de : Camille Trouvé
Construction des marionnettes : Camille Trouvé
Scénographie :  Dorothée Ruge, Brice Berthoud
Composition musicale :  Piero Pépin en collaboration avec Wang Li
Création lumières : Gerdi Nehlig
Construction décors :  Salem Ben Belkacem, Jaime Olivares
 Création costumes : Séverine Thiébault

Coproduction Théâtre 71 scène nationale de Malakoff, TJP Strasbourg centre dramatique national d’Alsace, Atelier du Rhin de Colmar centre dramatique régional d’Alsace, Equinoxe scène nationale de Châteauroux, Théâtre Gérard Philipe scène conventionnée de Frouard. En compagnonnage avec les Clandes’Ifs. Avec le soutien du Théâtre Paul Eluard de Choisy le Roi, du centre culturel Marcel Pagnol de Bures sur Yvette, de service culturel de l’AME, de Zaman Production. Avec l’aide à la création de la DRAC Ile-de-France et de la Région Centre.

En tournée :

SAISON 2009-2010 :
 Théâtre 71, MALAKOFF (92) : du 7 au 14 novembre 2009
 Le Carreau - Scène nationale de Forbach, FORBACH (57) : du 24 au 26 novembre 2009
 Centre culturel Marcel Pagnol, BURES SUR YVETTE (91) : du 4 au 5 décembre 2009
 Espace Jean Vilar, IFS (14) : du 8 au 11 décembre 2009
 Théâtre l'Espal Scène conventionnée, LE MANS (72) : 7 au 12 février 2010
 Les sept collines, TULLE (19) : du 23 au 25 février 2010
 Festival Cornegidouille - Espace Soutine, LEVES ( 28) :  du 4 au 5 mars 2010
 Comédie de l'Est-Centre Dramatique, COLMAR (68) : du 8 au 12 mars 2010
 Giboulées de la marionnette - TJP, STRASBOURG (67) : du 16 au 19 mars 2010
 Théâtre de Caudry, CAUDRY (59) : du 1er au 2 avril 2010
 Théâtre de Corbeil Essonnes, CORBEIL-ESSONNES (91) : du 6 au 8 avril 2010
 Théâtre Gérard Philippe, FROUARD (54) : du 25 au 26 avril 2010
 Maison de la culure, GAUCHY (02) : du 20 au 21 mai 2010






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