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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 14:40

   Affiche small 01

 

C'est un bien beau (et bon) spectacle que ce Roi nu mis en scène par Alexandre Blazy et joué actuellement au théâtre de Belleville.

Porté par une troupe de comédiens généreux, ce Roi nu vise juste. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'on retrouve dans cette mise en scène tout ce qui fait la matière même de cette pièce : l'univers fantaisiste et jubilatoire des contes de fées (Schwartz s'est insp
iré de trois contes d'Andersen pour écrire sa pièce) agrémenté de trouvailles verbales et scéniques bien pensées et franchement drôlatiques. Bref, du pur plaisir. On se laisse embarquer.

L'intrigue est simple : Henri aime Henriette et inversement. Mais la jeune princesse est destinée à épouser un Roi. Afin d'empêcher cette union, Henri, aidé de son ami Christian met en oeuvre un stratagème qui vise à discréditer le Roi auprès de tous en le faisant quitter symboliquement son costume. Mettre à nu le pouvoir, ôter le costume du Roi pour mieux le ridiculiser, pour mieux le renverser et se tordre de rire c'est le sujet de la pièce et la mise en scène d'Alexandre Blazy est ingénieuse à souhait.

 

Si on sort de ce spectacle en pensant aux résonnances actuelles que ce texte peut avoir (les révolutions du printemps arabe), ce sont surtout les rires des spectacteurs qui s'élèvent dans la salle, comme pour, d'une même voix, préparer cette révolte qui approche avec les huées de la foule contre ce roi nu pendant les dernières minutes du spectacle. L'enthousiasme est bien là. Les voix se mêlent à l'enchantement.
   

Enchantement et folie.
Le jeu des comédiens est énergique et donne à la pièce une frénésie, une folie jubilatoire et communicative. Si le costume est au centre du propos de la pièce de Schwartz, il en est de même sur scène. C'est là, toute la qualité et l'intelligence de ce spectacle. Les cinq comédiens campent habilement plusieurs personnages. Le jeu est centré avec ingéniosité sur les costumes - thème essentiel de la pièce - : seconde peau, symbolique sociale, ou élément de représentation, tout y est et on assiste à un véritable défilé. Mais le jeu est aussi le lieu de gags et trouvailles multiples qui parviennent à réenchanter le texte de Schwartz avec facétie, surprise et malice.  

 

Le rire est donc au rendez vous. On rit à pleine voix, de toutes nos forces et avec justice car c'est bien mérité.

Merci à Emilie de Fulguro Production pour l'invitation.

            

Mise en Scène : Alexandre Blazy

Assistante à la mise en scène : Camille Blouet

Avec : Baptiste Caillaud, Florian Jamey, Alexandre Blazy, Laurie Lévêque, Pierre-Etienne Royer

Scénographie : Bérénice Guénée

Création Lumière : Thomas Rizzotti

Costumes : Noush Ruellan
Fulguro Production : www.fulguro-production.com

 

Tournée :

 AU THEATRE DE BELLEVILLE : les lundis 2, 16, 23 et 30 avril et les lundis 7, 14 et 21 mai.

94 rue du Faubourg du Temple, paris 11ème.

Infos / Réservations: 01 48 06 72 34
(du mardi au vendredi de 14h30 à 19h00,
le samedi et le dimanche de 13h30 à 18h30)

www.theatredebelleville.com

 

 AU VINGTIEME THEATRE
le lundi 28 mai

7 rue des Plâtrières, paris 20ème.

  Infos / Réservations: 01 43 66 01 13
www.vingtiemetheatre.com

 

 AVIGNON FESTIVAL OFF 2012, Théâtre Buffon

du 7 au 29 juillet.

 18 rue Buffon 84000 Avignon
www.theatre-laluna.fr

 

 

 

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 09:15
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Je n'ai découvert Evguéni Schwartz que très récemment (cet été au festival de théâtre de rue d'Aurillac pour la pièce L'Ombre). Retard vite rattrappé puisque je continue à découvrir son oeuvre avec plaisir et facilité grâce à la programmation théâtrale de cette saison 2009-2010 qui propose dans de nombreux théâtres une mise en scène du Roi nu par Philippe Awat (vue au Théâtre de la tempête à la Cartoucherie à Vincennes).

La pièce, Le Roi nu a été écrite en 1934. Elle s'inspire de trois contes d'Andersen Le Porcher amoureux, La princesse au petit pois et Les habits neufs de l'Empereur. Le talent de l'auteur consiste à allier le conte et ses motifs aux procédés du théâtre. Car il faut voir dans cette pièce, une fable  politique, antitotalitariste qui met en garde tous ceux qui vivent aux dépens des flatteurs.

La belle princesse Henriette tombe follement amoureuse du modeste porcher Henri : ça tombe bien, la réciproque est vraie! Et la ressemblance de leur prénom explique avec humour leur prédestination à se connaître, à s'aimer et à vivre heureux comme on nous le raconte si bien dans les contes. Mais, pour arriver au fameux : "...ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants" beaucoup de choses vont se passer.

Car il faut compter avec le Roi, le père d'Henriette qui refuse cette union et condamne cet amour. Comment une fille bien née et digne héritière de son père et du royaume irait s'unir avec un simple homme de ferme ? Il décide donc de l'envoyer au royaume voisin se marier avec un roi extravagant et autoritaire. L'histoire est lancée et de nombreux personnages secondaires mènent sur scène la vie dure aux jeunes amoureux ou même au Roi. Car le jeune Henri n'a pas dit  son dernier mot. Aidé de son ami, il invente maints stratégèmes pour éviter ce mariage et reconquérir sa belle.

« Je n’écris pas un conte pour dissimuler une signification, mais pour dévoiler, pour dire à pleine voix, de toutes mes forces, ce que je pense. » (Evguéni Schwartz)

La mise en scène de Philippe Awat propose de nombreuses réussites et une faiblesse. Les costumes sont magnifiques et rappellent avec enchantement l'intemporalité des contes. La multitude des décors est rendue par un très beau travail à partir de lumières et d'ombres et les variations de couleurs rendent le dynamisme de la pièce : on passe par quelques moments émouvants perturbés très vite par le rire omniprésent. Il faut dire que le jeu des comédiens rappelle la commedia delle arte. On rit des extravagances du roi et des caricatures proposées sur scène. Le texte, subversif parfois, et la langue de Schwarz (bien traduit) est aussi une force pour ce spectacle qui rappelle les dangers du conformisme, de la pensée unique qui illusionne les uns et les autres. Le happy end proposé est aussi une victoire de la ruse, du rire et du stratagème (belle définition du théâtre et de ses procédés) sur l'autoritarisme et la folie du pouvoir politique. Le Roi nu est une pièce qui propose avec grandeur l'apologie de la résistance intelligente qui combat la violence par la ruse pour que l'amour annihile la force et la violence.

Petit bémol. Il est dommage que la mise en scène (qui nous promet quand même de très bons moments) ne prenne pas assez le parti du discours politique de la pièce. Cette dimension reste sur scène bien trop discrète à mon goût.

Pour la petite histoire, Le roi nu a été interdit à l’époque par les autorités soviétiques avant même sa création et Evguéni SCHWARTZ ne connut la célébrité en Union Soviétique que deux ans avant sa mort en 1958. En effet, on pouvait voir dans cett figure du roi les traits de Joseph Staline. La pièce ne fut créée que vingt-trois ans après avoir été écrite.

 

Texte : Edition Les Solitaires Intempestifscouv155.jpg
Traduction : André Markowicz
Mise en scène : Philippe Awat
Assistant à la mise en scène : Jean-Charles Maricot
Avec : Anne Buffet, Eddie Chignara, Mikael Chirinian, Florent Guyot, Dominique Langlais, Pascale Oudot, Bruno Paviot et Magali Pouget
Costumes : Dominique Rocher
Lumière : Nicolas Faucheux
Vidéo : Gaëtan Besnard et Frédéric Pierre
Scénographie : Valérie Jung

Coproduction : Compagnie le Feu Follet ; Théâtre Romain Rolland de Villejuif ; le Théâtre de Saint-Maur ; Scène Watteau de Nogent-sur-Marne ; l’Avant-Seine/Théâtre de Colombes ; Théâtre de Choisy-Paul Eluard. Avec l’aide à la production de la Drac Île-de-France ; Arcadi ; ADAMi et le Conseil Général du Val-de-Marne. Avec le soutien du Théâtre des Quartiers d’Ivry ; du Théâtre Firmin Gémier / La Piscine ; le Pôle culturel d’Alfortville.


Tournée :

 

 20 janvier > 14 février 2010 / Théâtre de La Tempête

Représentations les mardis, mercredi, vendredis, et samedis à 20h30, jeudis à 19h30 et les dimanches à 16h00. Relâche le lundi.
La Cartoucherie - Route du Champs de Manœuvre - 75012 Paris - Location : 01 43 28 36 36
http://www.la-tempete.fr

 17 février 2010 / L'Avant Seine - Théâtre de Colombes

Représentation à 20h30.
88, rue Saint-Denis - 92700 Colombes - Location : 01 56 05 00 76
http://www.lavant-seine.com/

 12 mars 2010 / Espace culturel André Malraux

Représentation à 20h30.
2, place Victor-Hugo - 94270 Le Kremlin-Bicêtre - Location : 01 49 60 69 42

 17 > 21 mars 2010 / Théâtre de l'Ouest Parisien Boulogne-Billancourt

Représentations du mardi au samedi à 20h30 et dimanche à 16h30.
1, place Bernard Palissy - 92100 Boulogne-Billancourt - Location : 01 46 03 60 44
http://www.top-bb.fr


 1 avril 2010 /
Théâtre des Sources

Représentation à 20h30.
8, avenue Jeanne et Maurice Dolivet - 92260 Fontenay-aux-Roses - Location : 01 41 13 40 80

 9 avril 2010 / Théâtre Paul Eluard

Représentation à 20h30.
4, avenue Villeneuve-Saint-Georges - 94600 Choisy-le-Roi - Location : 01 48 90 89 79
http://www.theatrecinemachoisy.fr

 

 

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25 septembre 2009 5 25 /09 /septembre /2009 18:52


"Il y avait une personne puis elle ne fut plus. Seul resta un prénom : Sonia, Souvenez-vous, Sonia disait..."

 

C'est sur cette phrase que s'ouvre la pièce adaptée de la nouvelle de Tatiana TOLSTAYA, petite fille de Tolstoï. Une phrase qui sonne comme le glas, qui débute le spectacle pour dire la fin et annoncer déjà le dénouement : la mort de Sonia.

Le rideau se lève sur un intérieur modeste. Un petit appartement vieillot des années 40. Une femme seule y vit. Elle s'appelle Sonia.

Bonne, généreuse, un peu trop simple d'esprit, on l'aime Sonia. Surtout lorsque celle-ci peut garder nos enfants et effectuer avec minutie et attachement les tâches les plus ingrates. Des personnes de son entourage souhaitent se jouer d'elle, de cette simplicté et  de cette naïveté qui l'animent. Ils lui inventent un prétendant, un amoureux qui lui envoie des lettres passionnées, ce qui a vite fait d'enflammer Sonia.

Mélodrame et
fantaisie poétique font ce spectacle. Deux acteurs sont sur scène. L'un, joue le narrateur et l'autre, travestit et muet enfile les habits de Sonia.
N'y recherchons pas un souci réaliste de la part du metteur en scène. Le destin, les désillusions de ce personnage, son amour naïf et aveugle font l'histoire tragique et burlesque de Sonia.

L' écriture de Tatiana Tolstaya est simple, visuelle et sensible. Elle trouve les mots justes pour mettre le coeur de Sonia à la portée des mains de chaque spectateur. Mais on rit chez Sonia (l'épisode du poulet est une anthologie à lui seul en matière de comique!) comme on peut pleurer, lorsqu'en plein blocus, sans nourriture, celle-ci arrache des lais de son papier peint pour en faire une soupe : juste pour donner un peu de goût à une vie qui n'en a plus. La mise en scène d'Alvis Hermanis sert le texte à la perfection et provoque chez le spectateur des émotions variées.


On s’attache très vite à ce personnage, à cette féminité étrange. Avec ses grosses jambes, sa perruque à bigoudis, et ses poupées qu’elle câline sur son lit en rêvant de cet amour, Sonia en devient presqu'une héroïne tragique. Et pour cause : l'échange épistolaire avec cet amoureux qui refuse de la rencontrer la mène jusqu'au blocus de Leningrad en 1941, date à laquelle, ne recevant plus de lettres, elle le croira mort au front.

Aucun des farceurs ne mesurera la portée de cette blague. Le divertissement prend dès lors des airs de tragédie. Seul reste le souvenir de Sonia. Un spectacle magique et bouleversant servi par deux comédiens talentueux. On sort de la renversé de ce trop plein d'émotions.


"Tout y est, dans ce spectacle : l’amour et la mesquinerie, le désir et la désillusion, exprimés simplement et minutieusement, avec un humour délicat, une émotion permanente." Michel Caspary, 24 Heures.

"Dans la reconstitution d’un appartement russe des années 40, deux hommes pour interpréter un couple avec enfant – un léger décalage à l’efficacité 200 % théâtrale." Les Inrockuptibles

"Alvis Hermanis dévoile l'intimité d'une rêveuse amoureuse dans un conte cruel et poignant. Du grand art." La Terrasse.

 

 

 


Spectacle en russe, surtitré en français.
Présenté lors du festival d'Avignon 20008.

Mise en scène : Alvis Hermanis
Décor et costumes : Kristine Jurjane
Son : Andris Jarans
Lumière : Krisjanis Strazdits
Traduction et surtitrage : Sophie Gindt
Avec : Gundars Abolins, Jevgenijs Isajevs
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